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Accord de libre-échange: qu'est-ce que ce CETA tant décrié?

L'Union Européenne et le Canada luttent pour le faire passer, les citoyens se mobilisent pour l'empêcher. Mais qu'est ce que cet accord de libre-échange et pourquoi soulève-t-il tant de passions?

15 févr. 2017, 14:57
/ Màj. le 15 févr. 2017 à 15:13
Le CETA provoque une levée de bouclier de la population européenne.

 

Présenté par les dirigeants européens comme un nouvel "accord modèle" de libre-échange, le traité commercial entre le Canada et l'Union européenne (UE) (CETA) a été approuvé mercredi par le Parlement européen. Il se heurte pourtant à de vives oppositions.

 

 

Ses adversaires le jugent anti-démocratique, trop favorable aux multinationales, léger sur l'environnement ou encore dangereux pour l'agriculture européenne.

 

 

Négocié durant sept ans, cet épais document de plus de 1600 pages - baptisé "Accord économique et commercial global (AECG)", en anglais CETA - supprimera, selon Bruxelles, plus de 99% des droits de douane avec Ottawa.

Il fera progresser de 25% le commerce de l'Union avec le Canada, son 12e partenaire commercial, faisant croître le produit intérieur brut (PIB) européen d'environ 12 milliards d'euros (12,7 milliards de francs) par an. Un chiffre qui reste à comparer aux 14'600 milliards d'euros de PIB de l'UE en 2015.

 

 

Parmi les exceptions au traité: certains produits agricoles, comme les viandes bovines et porcines, dans le sens Canada-UE, qui resteront soumises à des quotas.

L'accord fournit aussi une protection supplémentaire à 143 origines géographiques spécifiques (AOC), dont 42 françaises, comme le "Roquefort", le "Saint-Nectaire" ou les "Pruneaux d'Agen".

 

 

Grâce au CETA, les entreprises européennes auront désormais accès aux marchés publics canadiens, y compris ceux des villes et des provinces qui gèrent une part importante des dépenses publiques. Une véritable avancée pour les Européens qui avaient, eux, déjà accordé un large accès à leur marché aux compagnies canadiennes.

 

 

Pas de boeuf aux hormones

L'accord, qui concerne plus de 500 millions d'Européens et 35 millions de Canadiens, ne modifiera pas les règles européennes sur la sécurité alimentaire ou la protection de l'environnement, assure l'UE. Il vise au contraire à améliorer la coopération entre les organismes européens et canadiens sur ces normes.

Les produits canadiens ne pourront donc être importés dans l'UE que s'ils respectent la réglementation de l'Union. Et le boeuf aux hormones ne sera pas autorisé.

 


 

Le point le plus sensible porte sur la possibilité donnée à une multinationale investissant à l'étranger de porter plainte contre un Etat qui adopterait une politique publique contraire à ses intérêts, afin de demander réparation.

Un mécanisme qui a permis à Philip Morris d'attaquer l'Uruguay pour sa politique anti-tabac ou au géant minier Oceanagold de poursuivre le Salvador pour lui avoir refusé un permis d'exploitation pour des raisons environnementales.

Le CETA créera un tribunal permanent, modernisé par rapport aux autres traités, composé de 15 juges professionnels nommés par l'UE et le Canada. Toutes les auditions seront publiques et il sera possible de faire appel. "Une sorte de Cour publique des investissements qui ouvre la voie à une Cour internationale des investissements", selon un négociateur européen.

 

 

ONG sceptiques

Malgré cela, des ONG n'ont pas été convaincues. Elles craignent que ces "pseudo-juges" soient des avocats d'affaires liés à des cabinets privés.

Une fois que les contours de ces tribunaux auront été définitivement arrêtés, la Belgique s'est engagée à saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour vérifier sa conformité avec le droit européen.

Avec son approbation par le Parlement européen, une grande partie du traité va entrer en vigueur de façon provisoire, essentiellement en ce qui concerne les dispositions relevant de la compétence exclusive de l'UE.

Parmi les chapitres provisoirement exclus, ce fameux tribunal d'arbitrage. En cas de litige avec un Etat, une entreprise devra porter plainte devant la juridiction du pays concerné ou la chambre arbitrale internationale de Paris, par exemple.

Reste un obstacle de taille: pour entrer définitivement en vigueur, le CETA doit maintenant être approuvé par les 38 Parlements nationaux et régionaux de l'UE. Une procédure très incertaine qui pourrait prendre des années.

 

 

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